Stupeur et tremblements
Coup de coeur !
Année : 2001
Pages : 186
Catégorie : Romans autobiographiques
Âge : Dès 14 ans
Temps de lecture : Une journée
Résumé : Au début des années 1990, la narratrice est embauchée par Yumimoto, une puissante firme japonaise. Elle va découvrir à ses dépens l’implacable rigueur de l’autorité d’entreprise, en même temps que les codes de conduite, incompréhensibles au profane, qui gouvernent la vie sociale au pays du Soleil levant.
D’erreurs en maladresses et en échecs, commence alors pour elle, comme dans un mauvais rêve, la descente inexorable dans les degrés de la hiérarchie, jusqu’au rang de surveillante des toilettes, celui de l’humiliation dernière. Une course absurde vers l’abîme – image de la vie –, où l’humour percutant d’Amélie Nothomb fait mouche à chaque ligne.
Entre le rire et l’angoisse, cette satire des nouveaux despotismes aux échos kafkaïens a conquis un immense public et valu à l’auteur d’Hygiène de l’assassin le Grand Prix du roman de l’Académie française en 1999.
D’erreurs en maladresses et en échecs, commence alors pour elle, comme dans un mauvais rêve, la descente inexorable dans les degrés de la hiérarchie, jusqu’au rang de surveillante des toilettes, celui de l’humiliation dernière. Une course absurde vers l’abîme – image de la vie –, où l’humour percutant d’Amélie Nothomb fait mouche à chaque ligne.
Entre le rire et l’angoisse, cette satire des nouveaux despotismes aux échos kafkaïens a conquis un immense public et valu à l’auteur d’Hygiène de l’assassin le Grand Prix du roman de l’Académie française en 1999.
Mon avis ( avril 2010 ) : Jamais je n’aurais pensé m’attendre à ce type de récit. Avant d’ouvrir ce livre, j’étais particulièrement angoissée. Je me demandais qu’allait être mon opinion à propos de ce roman, si je tomberais sous le charme ou grimacerais de dégoût. Cette angoisse était due à toutes les critiques du « net », car les avis positifs et négatifs se côtoyaient généralement, alors il ne me restait qu’à moi de les départager. Et croyez-moi, je ne pensais guère le dévorer en une journée. Quelle écriture ! Quel humour satirique ! Je suis tombée sous le charme, vraiment, et j’en redemande encore ! Dès que mes yeux ont effleuré les pages, je me suis régalée de cette satire qui m’a fait tant rire, de ce ton caustique, des péripéties de la narratrice ainsi que des passages résumant, toujours avec le même rythme, les coutumes des japonais, notamment celles des femmes. Je ne me suis pas ennuyée outre mesure et je n’y voyais aucune longueur : à vrai dire, le seul point négatif que j’y ai trouvé n’en ai pas un. Puisque, en effet, j’aurais voulu que l’histoire s’étend sur des centaines et des centaines de pages. Je trouvais que son humour nitescent me changeait de toutes mes lectures et j’accueillais ce plaisir littéraire avec un immense bonheur, car les rires qui engorgeaient ma gorge me délivraient de toute angoisse. L’histoire se déroule au cours des années 1990, dans une firme japonaise du nom de Yumimoto. La narratrice ( ou plutôt l’auteure, car c’est un pan de sa vie ) est engagée au sein de cette compagnie sans savoir toutes les mésaventures qui allaient suivre. Dirigée par quatre supérieurs, elle passera d’échec en échecs jusqu’à la plus basse hiérarchie, concierge des toilettes ou « dame pipi », toujours avec son positivisme original et son humour piquant qui s’ajoute bien à son écriture simple, mais ô combien envoûtante. De même, les informations sur les traditions japonaises qu’elle insère de temps en temps en parlant de sa supérieure Mademoiselle Mori m’ont fortement intéressée, étant moi-même une passionnée de leur culture, et découvrir les coutumes strictes des japonaises sur leur vie est quelque chose de touchant puisque les femmes ne se meuvent pas dans un bonheur complet à cause des usages de respect ( exagéré ? ), d’apparence, etc.
Quant au personnage, elle m’a fait mourir de rire tant elle trouvait les mots justes sur telle action ou s’amusait à nous décrire ses loisirs secrets pour effacer l’ennui ( par exemple, se jeter par la pensée du haut d’une fenêtre ). Sa témérité, son sang-froid, son imagination et son humour au vitriol fait d’elle une personne discrète, mais haut en couleur que nous aimons dès l’instant où notre attention se grave aux pages. J’admire tout simplement sa finesse d’esprit et sa placidité face à ses supérieurs. Dans mon cas, j’aurais craqué dès la première journée ! J’ai été davantage surprise lorsque j’ai su, après quelques recherches, que c’était une autobiographie d’un moment de la vie de l’auteure, ce qui m’a permise d’apprécier le personnage ou l’écrivaine avec plus d’ampleur. Encore maintenant, j’ai dû mal à croire qu’elle ai survécu à tous ses échecs sans avoir démissionné plus tôt. Et quant à ses supérieurs, difficile à imaginer comment survivre à leurs ordres. Mademoiselle Mori ou Fubuki est d’une beauté inégalable, dont nous parle tant l’auteure, c’est pourquoi j’ai bien cru à sa bienveillance du début. Or, rien ne me préparait à affronter la dame tartuffard qui se cachait derrière ce masque d’amabilité. Mais lorsque nous repensons à l’emprise despotique de leurs traditions sur les japonaises, pas toutes bien évidemment, un élan de compassion nous envahi et c’est ainsi que je n’ai pas réussi à haïr complètement Fubuki. En ce qui concerne, les trois autres supérieurs, je n’en dirais que quelques mots : Monsieur Saito est un homme autoritaire, mais honnête et authentique lorsque nous le connaissons véritablement ; Monsieur Omochi est un homme opulent calomnieux et irrévérent ; finalement, Monsieur Haneda est un homme mystérieux, interprété par les yeux de l’auteure comme un dieu, dont le visage témoigne d’une grande bénignité. Tous ces personnages, dont l’homme complaisant connu sous le nom de Monsieur Tenshi, font de ce récit un moment littéraire particulièrement égayant.
Ainsi donc, cette satire autobiographique est un petit bijou divertissant qui s’ajoute d’ores et déjà dans mes coups de cœur, de même que la plume tout a fait truculente et audacieuse de l’auteure monte dans mes auteurs préférés. Une lecture dérivative aux soupçons nippons que je vous conseille fortement et qui, je l’espère, vous fera le même effet qu’à moi-même. La preuve, l’humour de l’auteure me manque déjà alors que je viens à peine de fermer ce bouquin il y a deux jours. Est-ce qu’une sortie à librairie s’imposerait ? Oh ! quelle tentation…
Extraits préférés du roman : « Non : s’il faut admirer la Japonaise – et il le faut -, c’est parce qu’elle ne se suicide pas. On conspire contre son idéal depuis sa plus tendre enfance. On lui coule du plâtre à l’intérieur du cerveau : « Si à vingt-cinq ans tu n’es pas mariée, tu auras de bonnes raisons d’avoir honte », « si tu ris, tu ne seras pas distinguée », « si ton visage exprime un sentiment, tu es vulgaire », « si tu mentionnes l’existence d’un poil sur ton corps tu es immonde », « si un garçon t’embrasse sur la joue en public, tu es une putain », « si tu manges avec plaisir, tu es une truie », « si tu éprouves du plaisir à dormir, tu es une vache », etc. Ces préceptes seraient anecdotiques s’ils ne s’en prenaient pas a l’esprit. » p. 94.
« La fenêtre était la frontière entre la lumière horrible et l’admirable obscurité, entre les cabinets et l’infini, entre l’hygiénique et l’impossible à laver, entre la chasse d’eau et le ciel. Aussi longtemps qu’il existerait des fenêtres, le moindre humain de la terre aurait sa part de liberté. » p. 186.
Critiques d'ailleurs : Charlie Bobine , Karine , Phil , Allie
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