jeudi 21 octobre 2010

Lady Susan de Jane Austen

Lady Susan





Éditions : Gallimard
Année : 2000
Pages : 116
Catégorie : Romans classiques
Âge : Dès 12 ans
Temps de lecture : Quelques heures
Résumé : Une veuve spirituelle et jolie, mais sans un sou, trouve refuge chez son beau-frère, un riche banquier. Est-elle dénuée de scrupules, prête à tout pour faire un beau mariage, ou juste une coquette qui veut s'amuser ? Le jeune Reginald risque de payer cher la réponse à cette question... Grande dame du roman anglais, Jane Austen trace le portrait très spirituel d'une aventurière, dans la lignée des personnages d'Orgueil et préjugé et de Raison et sentiments.
Source : renaud-bray.com

Mon avis ( avril 2010 ) : Renouée avec la plume bellissime de Jane Austen, voilà qui fut la plus noble offrande de ce livre. Encore une fois, l’envoûtement m’est venue et je suis tombée entres les pages, pour quelques tendres heures, voguant sur les lettres qui parsèment l’histoire. Et c’est là le seul point négatif qui découle de ce roman. Trop rapide. Un livre de cent pages venant d’Austen, c’est à la fois un merveilleux moment de lecture, mais également une terrible torture, car je n’avais point envie de fermer le roman, j’aurais adoré que le récit s’étire en longueur et puisse ne jamais se terminer. C’est pour cette raison, si cruelle soit-elle, que ce roman ne fut pas un coup de cœur, à cause de la petitesse du nombre de pages. Ces quelques heures perdues dans l’univers anglais de l’auteure ne m’ont pas suffi à devenir grande amie avec les personnages et à saisir toutes les subtilités de leur personnalité, mon passe-temps préféré lorsque je déguste un récit. Cependant, il reste que ce fut une lecture tout en plaisir et son originalité épistolaire a été bien appréciée de mon amour littéraire. Le récit débute par une lettre de Lady Susan à M. Vernon, pour ensuite enchaîner sur d’autres missives où nous découvrons la personnalité audacieuse et infatuée de Lady Susan, cette dame qui use de ces capacités de fausses émotions et de sa séduisante beauté pour obtenir ce qu’elle veut et faire tomber tous les hommes à ses pieds, même le pauvre Reginald qui avait pourtant une mauvaise estime d’elle avant de tomber dans le panneau à son tour. Cette dame rusée et frivole s’invite chez son beau-frère et sa famille pour quelques semaines de détente afin de s’éloigner des Manwaring chez qui elle n’a causé que des dualités. Or, sa fille dont elle n’éprouve aucune tendresse et qui vit sous le joug despotique de celle-ci est renvoyée de l’orphelinat pour se rendre chez les Vernon, au grand dam de sa mère. De missive en missive, de matoiserie en matoiserie, nous pénétrons dans un court récit encore digne du talent littéraire de cette dame anglaise. 

Lady Susan est un personnage étrange dont les objectifs sont difficiles à saisir. Que veut-elle vraiment ? Duplice et cauteleuse, elle sait pertinemment contrôler les gens de son entourage, particulièrement les hommes, afin que ses ruses noyées dans l’ombre l’amènent à savourer ses victoires. Mais y a-t-il vraiment des objectifs derrière ses victoires ? Ou seulement un malin plaisir à provoquer la discorde ? Peu importe, son charme irrésistible agit tel un masque sur son caractère et moi-même, au tout début, je la trouvais dénuée de scrupule. Or, nous découvrons la vérité sur sa personnalité à chacune de ses missives, lorsque ses manières et son ton prennent une note tout a fait différente. Dame distinguée avec la famille Vernon, elle devient outrecuidante avec sa chère amie dont la personnalité va de paire avec celle-ci. C’est dans cette atmosphère de sournoiserie que nous faisons également rencontre avec la fille de Lady Susan, Frederica, cette pauvre enfant timorée et soumise à l’autorité exécrable de sa mère. Étant renvoyée de l’orphelinat, elle n’a seul choix que de retrouver sa génitrice chez les Vernon, une situation que Lady Susan regrette amèrement puisqu’elle ne veut pas cette «  enfant indisciplinée » dans les parages. D’autre part, elle ne pense qu’à marier sa progéniture à Sir James, alors même que la différence d’âge est énorme. Néanmoins, cette jeune fille bienveillante trouvera refuge entre les bras de Madame Vernon qui lui portera une grande sympathie. Celle-ci essaiera de la délivrer des griffes de sa mère, malgré les embûches que cette dame perfide érigera. Finalement, il y a Reginald, cet homme qui tombera sous l’influence de Lady Susan. Pourtant, il se méfiait déjà à l’avance de son caractère, mais lorsque ses yeux croisèrent ceux de la belle dame, il en fut vite tombé amoureux. Cependant, il résistera quelques fois à son emprise, mais pour mieux y retomber par la suite, jusqu’à la déception finale. Ainsi, seules Frederica et Madame Vernon m’ont plu pour leur délicate sensibilité et leur bonhomie douceâtre. 

Ergo, j’ai adoré ce récit épistolaire typiquement anglais et bourgeois dans lequel j’ai plongé avec délectation, mais pas autant qu’avec Raisons et sentiments. La plume enchanteresse de Jane Austen m’inspire toujours et à chaque fois, je suis médusée par ses mos si nobles et raffinés qui sont une source sempiternelle de plaisir littéraire dont je m’abreuve sans être rassasiée. Si vous n’avez jamais goûté à la charmante écriture de cette grande dame, vous devez le faire, et maintenant ! Dans mon cas, je ne pourrai guère m’empêcher de lire un autre de ses romans d’ici l’été, notamment Orgueils et préjugés dont je lis tant de somptueuses critiques. 

Extrait préféré du roman :  « Bien que dépourvue de tout talent de société, elle est loin d’être aussi ignorante qu’on pourrait s’y attendre, car elle aime la lecture et passe parmi les livres l’essentiel de son temps. Sa mère lui laisse plus de liberté qu’au début. Je m’arrange pour qu’elle soit avec moi autant que faire se peut, et je me suis efforcée de surmonter sa timidité. Nous sommes de grandes amies. Quoiqu’elle n’ouvre jamais la bouche en présence de sa mère, elle parle suffisamment quand nous sommes en tête à tête pour qu’il apparaisse clairement que, si Lady Susan s’y prenait bien avec elle, Frederica ne manquerait pas de produire une impression beaucoup plus favorable. Il n’y a plus doux, plus aimant, on ne voit pas de manières plus obligeantes, lorsqu’elle n’agit pas sous la contrainte. Ses petit cousins sont tous entichés d’elle. » p. 55.


Critiques d'ailleurs :
Lou , Charlie Bobine , Aufildeslivres , Jules , Nanou , Restling , Tamara , Karine , Edea , Isil , Katell , Romanza , Allie

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