vendredi 5 novembre 2010

La mouette de Tchekhov

La mouette




Éditions : Livre de Poche
Traduction : Antoine Vitez
Année : 1985
Pages : 147
Catégorie : Pièce de théâtre

Résumé 

Fils d'une comédienne célèbre, Constantin veut devenir écrivain et conquérir la gloire : et, avec la gloire, la main de Nina, sa voisine. Mais lors de sa première représentation sa mère trouble la pièce par des propos fâcheux. Cet insuccès détache Nina de Constantin. Ce drame a rénové le théâtre russe et fut le premier succès théâtral de l'auteur.

Source : evene.fr



Mon avis

Première plongée dans la littérature russe ! Déception ou grand plaisir littéraire ? Je dirais que ma lecture se situe en équilibre entre les deux, au sens où ce ne fut ni un mauvais moment de lecture ni un coup de cœur intarissable. À vrai dire, c’est le genre de pièce de théâtre qui vous laisse de marbre quelques instants jusqu’à l’heure où vous devinez le sens véritable du récit. C’est-à-dire que la pauvreté des rebondissements fait de cette pièce une lecture légère, mais vous savez pertinemment que sous cet air neutre se cache une signification littéraire qui vous aiderait à comprendre l’histoire qui frôle à l’occasion, et très peu, la brume de la confusion. Ainsi, la lecture est douce, on se laisse entraîner par les personnages facilement, on ne se pose peu de questions. La plume est efficace, souple, excellant quelques fois dans le romantisme pur. Les protagonistes sont ficelés de sorte qu’ils ne sont ni secondaires ni principaux, sinon Nina qui ressort des autres parce qu’elle est la seule a évolué psychologiquement.

Le départ est un peu difficile à saisir, mais le premier acte nous permet de se fondre au contexte, dans lequel apparaît déjà une mise en abîme ( une pièce de théâtre dans une pièce de théâtre ). Effectivement, tous les personnages sont réunis pour assister à la pièce de théâtre de Treplev ( Constantin ) dans laquelle joue en solitaire Nina. Or, c’est la relation palpable entre Treplev et sa mère Arkadina qui est davantage mise en scène, nous permettant de saisir la portée de leur lien secoué par des hauts et des bas. La suite des actes se déroule sans rebondissements quelconques et ne sont là que pour nous dévoiler les personnalités dissemblables des protagonistes : Nina, jeune idéaliste qui rêve du théâtre, mais qui apprend à se défaire de ses rêves pour évoluer sur le plan mental ; Treplev, le jeune artiste amoureux de Nina qui ne cesse de se morfondre dans sa mélancolie ; Arkadina, la transcendante comédienne à l’ego démesuré ; Chamraiev, le lieutenant à la retraite dont la présence est minime dans le récit ; Medvedenko, instituteur prosaïque souvent dans l’ombre des autres ; Macha, jeune femme qui se cache derrière des habits noirs soulignant son deuil amoureux ; Dorn, médecin philosophe, seul être satisfait de son existence ; Sorine, vieil homme propriétaire du domaine où se déroule la pièce ; et Trigorine, écrivain ordinaire obsédé par l’écriture de ses œuvres. Le dernier acte se passe deux ans plus tard et conclut le récit d’un étonnant coup de théâtre qui était à la fois prévisible et soudain. Cet acte met en évidence l’évolution du personnage de Nina, la seule à avoir un parcours ne progressant pas sur une ligne droite, au contraire des autres personnages qui sont toujours au même point dans leur vie après ces années passées.

Mais que veut signifier le titre ? Étrange, j’en conviens, et difficile à comprendre si on a pas une édition qui offre une analyse de la pièce. Le titre veut tout simplement signifier l’animal auquel s’identifient les protagonistes, notamment Nina. La mouette revête ainsi un symboliste particulier pour la jeune femme, à savoir son passé caractérisé par ses rêves utopiques, et elle fait souvent mention de cet oiseau au dernier acte. Le lac a également son importance puisque les didascalies de la pièce ( indications scéniques pour mieux visualiser les lieux ) lui accorde une place prédominante, car ce lac est le reflet artistique de nombreux personnages.

En somme, cette pièce de théâtre se révèle être légère et flegmatique aux abords, mais cache des trésors littéraires sous sa calme apparence. La plume de Tchekhov m’a entre autres captivée par sa beauté sereine et j’avoue sans grande timidité que je me suis retrouvée à l’occasion dans le personnage de Treplev. Les noms, par leur complexité linguistique, sont un peu difficiles à retenir aux prémices de la pièce, mais l’habitude se présente rapidement. Ainsi donc, je remercie ma professeur de théâtre pour cette charmante découverte au sein de la littérature russe si richement portée par le symbolisme.


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