Ma chère petite soeur
Coup de coeur !
Année : 1999
Pages : 260
Catégorie : Romans épistolaires / romans autobiographiques
Âge : ---
Temps de lecture : Une semaine
Résumé : Entre 1943 et 1970, Gabrielle Roy a entretenu avec sa sœur Bernadette une émouvante correspondance qui permet de mieux comprendre la vie et la personnalité de la grande romancière.
Source : editionsboreal.qc.ca
Mon avis ( juin 2010 ) : Ma chère petite sœur n’est pas seulement un roman épistolaire, c’est également une autobiographie de l’auteure, car nous découvrons, par l’entremise de ses lettres destinées à sa grande sœur, une autre facette de cette admirable écrivaine québécoise. Il est peut-être moins précieux et détaillé que La détresse et l’enchantement ( que je n’ai toujours pas lu, soit dit en passant ), mais pour moi il recèle tout de même une valeur symbolique à mes yeux puisque ce sont de vraies missives, écris de la main de mon auteur fétiche. C’est un pan de sa vie formulé par de charmantes lettres bousculées par des liens familiaux et, par le fait même, une consolation pour quelqu’un comme moi qui ne pourra jamais rencontrer cette grande dame de la littérature québécoise. Le bonheur d’avoir entre les mains des morceaux du passé appartenant à une personne véridique n’a d’égal que sa lecture, laquelle j’ai dévoré doucement afin de mieux saisir ce récit épistolaire se passant dans un présent maintenant devenu passé. C’est un trésor à la mémoire d’une auteure défunte ! La seule beauté de la correspondance est en soi un prétexte pour lire ce bouquin, car cette technique soignée n’existe plus maintenant que par l’entremise d’individus encore doués d’une grande sensibilité pour étaler leurs émotions à leurs proches sans passer par une voie ponctuée de froideur. Et cette délicatesse fraternelle est un aspect très détaillé parmi les lettres puisque nous découvrons toute la richesse que recèle la relation entre Gabrielle et sa sœur Bernadette. Leur lien est fabuleux à « voir » et même si elle n’a pas d’attachements semblables avec toutes ses sœurs, à cause de quelques drames familiaux, il n’en demeure pas moins qu’elle porte une grande affection à toute sa famille, malgré la distance dû à ses voyages. De ce fait, cette autobiographique épistolaire devient également un hymne à l’amour entre deux sœurs qui se soutiennent devant les vicissitudes de l’existence.
Au cours de sa correspondance avec Bernadette, nous suivons Gabrielle Roy parmi les évènements qui ont caractérisé sa vie entre 1943 et 1970. Que ce soit lors de drames familiaux, de publications littéraires, de voyages, de sentiments de joie ou de tristesse, j’ai pu avoir l’occasion de la connaître quelque peu et j’en déduis, par les murmures de sa plume, qu’elle est une femme charmante et bienveillante, ce que j’imaginais naguère. Elle s’inquiète constamment pour les membres de sa famille, même de celle qui l’a reniée et qui ne cesse de lui faire du tord. Partagée entre son amour pour ses proches et son goût de liberté, elle ne peut les voir comme elle le voudrait tant à cause de ses voyages qu’à cause de son métier d’écrivain dans lequel elle débute. Sans se rendre compte, elle nous transmet ses loisirs, ses émotions et ses idéaux tout en nous faisant connaître sa « chère petite sœur », comme elle la surnomme. Religieuse a plein temps, sa sœur Bernadette est une femme d’une bonté sans limite, jetant son dévolu sur les autres en les comblant de sa charité. Son énergie vibre de positivité et l’auteure fait mention de nombreuses fois de son indicible amour pour la terre, de tout ce que Dieu a créé. Hélas, il n’y a que les lettres de Gabrielle Roy lui étant destinées, alors nous ne pourrons jamais connaître les mots de cette sœur qui lui répondait avec tant d’avidité. Gabrielle et Bernadette étaient deux confidentes et l’auteure lui étalait sans pudeur ses inquiétudes quant à la maladie de Bernadette ou à la santé de ses autres sœurs, dont Adèle et Clémence. Il n’y a pas de grands détails à leur sujet, mais seulement quelques mots ici et là sur leur personnalité et ce qu’elles vivent. La dernière a vécu très mal le décès de leur mère et la première, par je ne sais quelle motivation, se bute à vouloir darder sa rancune envers Gabrielle. Celle-ci ne nous parle pas du commencement de cette triste méchanceté, mais nous constatons tout de même qu’elle l’aime toujours autant malgré les embûches qu’elle pose sur sa route. Quant à ses frères, seul leur nom nous est transmis. Néanmoins, toute l’ardeur qu’elle met à raconter le passé et les réunions familiales suffit à nous faire adorer cette famille.
Par conséquent, c’est un roman délicieux qui nous plonge quelques instants à la surface de l’existence de Gabrielle. Pour moi, c’est une introduction à la vraie autobiographie de Gabrielle, La détresse et l’enchantement, et il me tarde d’en connaître davantage sur sa vie. Son écriture est toujours autant lyrique et délicate, quoique un peu différente, car ce n’est pas la plume qu’elle emploie pour ses romans. Mais je considère ce petit changement comme une autre facette du talent de cette femme et elle nous invite davantage à la confidence. Parallèlement, j’ai adoré les notes ponctuant les lettres et qui ont été insérés, à la fin, par l’éditrice. Ces petits éclaircissements nous aident à mieux comprendre quelques portions de l’histoire de l’auteure et à changer la confusion en un nouvel ravissement. Ce sont les premiers prémices au sein de l’existence de mon auteure fétiche et sûrement pas les derniers !
Extrait du roman : « Dis à la pauvre Clémence que je pense à elle sans cesse et, pour la réconforter, que je tâcherai peut-être avant longtemps d'aller lui rendre visite. Et te voir, toi aussi, ma chère Dédette, quel bonheur, quel réconfort ce serait. Tu ne peux imaginer combien, de retour à Petite-Rivière, je pense à votre visite d'il y a trois ans. Je vous vois partout, j'ai le coeur serré, je bénis le Ciel que cette rencontre merveilleuse ait eu lieu, mais j'en voudrais bien encore une autre. Nous nous sommes si peu souvent vues auc ours de nos vies ! » p. 132.
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