jeudi 21 octobre 2010

L'ombre du vent de Carlos Ruiz Zafón

L'ombre du vent





Coup de coeur !



Édition :  Livre de Poche
Année : 2009
Pages : 638
Catégorie : Romans policiers / thrillers / espionnage
Âge : Dès 13 ans
Temps de lecture : Une semaine
Résumé : Dans la Barcelone de l'après-guerre civile, par un matin brumeux de 1945, un homme emmène son petit garçon - Daniel Sempere, le narrateur - dans un lieu mystérieux du quartier gothique : le Cimetière des Livres Oubliés. L'enfant est ainsi convié par son père à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y « adopter » un volume parmi des centaines de milliers. Là, il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie et l'entraîner dans un labyrinthe d'aventures et de secrets « enterrés dans l'âme de la ville » : L'Ombre du vent. 


Source : renaud-bray.com 


Mon avis ( mai 2010 ) : Ce roman est un coup de cœur inévitable, un chef d’œuvre de la littérature étrangère que je n’ai pas pu m’empêcher de dévorer jusqu’aux dernières phrases, transportée par l’essence même du bouquin. Ma curiosité s’est transformée en exaltation lorsque je fus aspirée dans l’histoire et même après seulement quelques pages, je pouvais déjà proclamer qu’il était un coup de cœur éternel. Ce récit, dont le thème touche un peu la beauté de la littérature, est un thriller captivant, doué d’intimes émotions, de saisissement et de quêtes, de visions humanitaristes et philosophiques, de rebondissements inattendus et plus que tout, d’amour au sens le plus large, qu’il soit amical, passionnel ou simplement de forme d’adoration envers un objet tel un livre. L’écriture qui nous souffle toutes ces pincées romanesques n’a d’égal qu’une rivière pour sa délicatesse, son onctuosité et sa quiétude harmonique ; c’est l’une des raisons qui donne la beauté mystique au roman. Pour ce qui est de l’histoire, l’auteur nous démontre la réalité psychologique et émotionnelle des humains, quelques fois tragique et douloureuse, tout en l’enveloppant d’une magnificence imparfaite. Emmené par son père au sein d’un paradis terrestre dédié aux livres sans maîtres, entre les entrailles sibyllin de la Barcelone de l’après-guerre, David ne saisit pas encore, du haut de ses dix ans, combien le livre qu’il a adopté ( qui porte le même nom que le bouquin ) aura une importance singulière et personnelle, autant pour lui que les personnes qu’il rencontrera au fil de son existence. Car, en effet, en adoptant ce bouquin dont un voile filandreux flotte autour de l’auteur, il s’embarque dans une quête qui sera également son passage vers la maturité adulte. En déterrant les secrets de l’écrivain, en voulant s’immiscer dans la vie de celui-ci, il rencontrera diverses personnes qui auront un impact sur lui-même, mais ceci ne se fera pas sans le danger d’un sombre individu et de la douleur constante que provoque les émois humains, fruits que peuvent aussi faire naître le passé. Ceci n’est pas un récit, seulement celui de plusieurs personnes dont l’existence s’entremêle par la force du destin et leur choix de route. 

Daniel Sempere, notre narrateur, est un garçon auquel on s’attache inévitablement, notamment à cause de sa réelle authenticité et sa finesse d’esprit qui font de lui un jeune homme calme et perspicace, malgré le courant quelques fois furibond de sa vie. Dès son entrée dans le Cimetière des Livres Oubliés ( un endroit qui est mon rêve utopique ! ), son quotidien prend une tournure tout a fait différente, quoique parsemé d’obstacles. Ce livre qu’il a adopté par hasard sera l’objet de sa fascination, surtout l’auteur inconnu qui se cache derrière les mots. Cependant, il débutera ses recherches que plusieurs années plus tard, après un cuisant chagrin et l’apparition d’un funeste homme tout droit sortit du roman dont il a tant d’admiration. Ainsi, commence pour lui le passage vers la vie adulte, avec ses moments douloureux et ses instants euphoriques, ses tragédies et ses frétillements de bonheur. Il connaîtra la pureté de l’amitié, l’amour impossible qui fait naître la témérité de dépasser cette impossibilité, les déceptions et la souffrance autant physique que morale, la mort même, mais surtout, sa propre identité, à travers une personne qui a tout lieu d’être son miroir, et vice-versa. Fermín, personnage sagace aux visions philosophiques et humoristiques, précieux ami de Daniel ; Monsieur Sempere, homme placide et valeureux qui porte un amour silencieux, mais éloquent à l’égard de son fils ; Bea, jeune femme délicate et audacieuse qui se retrouvera dans une situation difficile avec sa famille à cause de son amour pour David ; Carax, homme défait par les tumultes de son existence qui lui ont tout enlevé et qui verra son propre reflet en celui de David ; Fumero, cet homme caractérisé par son sadisme depuis son enfance et qui fera tout pour venger un ancien désir qu’il n’a jamais pu obtenir ; tous ces personnages, et bien d’autres encore, formeront l’enveloppe lumineuse ou sombre qui fera mûrir David, lequel en aidera certains inconsciemment.  

Par conséquent, c’est un fabuleux roman qui nous plonge dans l’atmosphère cabalistique et cachée de la Barcelone, parmi des personnages qui font fleurir nos émotions et qui donnent un thriller bouleversant et palpitant, tout ceci en étant nimbé de l’odeur parcheminée des livres. Un récit comme celui-ci ne s’oublie jamais et l’écriture chimérique de l’auteur aura toujours une place privilégiée dans mon coeur littéraire. Ce fut une découverte étonnante à laquelle je m’attendais, néanmoins sans savoir qu’elle dépasserait mes attentes. J’en aurais tant à dire de ce livre, je pourrais nommer toutes ses vertus et, nonobstant quelques passages longuets, je dirais pratiquement qu’il est parfait puisqu’il montre l’imperfection de nos esprits qui est une route commune à nous tous, un chemin important dans notre évolution. Finalement, je conclurais avec ces mots : offrez-vous ce merveilleux livre qui, je mettrais ma main au feu, ne vous apportera aucune déception !

Extrait préféré du roman : « - Ce lieu est un mystère, Daniel, un sanctuaire. Chaque livre, chaque volume que tu vois, a une âme. L'âme de celui qui l'a écrit, et l'âme de ceux qui l'ont lu, ont vécu et rêvé avec lui. Chaque fois qu'un livre change de mains, que quelqu'un promène son regard sur ses pages, son esprit grandit et devient plus fort. ( ... ) Quand une bibliothèque disparaît, quand un livre se perd dans l'oubli, nous qui connaissons cet endroit et en sommes les gardiens, nous faisons en sorte qu'il arrive ici. Dans ce lieu, les livres dont personne ne se souvient, qui se sont évanouis avec le temps, continuent de vivre en attendant de parvenir un jour entre les mains d'un nouveau lecteur, d'atteindre un nouvel esprit. » p. 12-13.


Critiques d'ailleurs : Sylvie , Allie , Lau , Yueyin , Yspaddaden , Madame Charlotte , Karine , Fantasio , Geishanellie , Gabrielle , Louis

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