mercredi 20 octobre 2010

L'aliéniste de Caleb Carr

L'aliéniste



Coup de coeur !



Éditions : Pocket
Année : 1999
Pages : 573
Catégorie : Romans policiers / thrillers / espionnage
Âge : Dès 16 ans
Temps de lecture : Une semaine
Résumé : New York, 1886. On retrouve un peu partout dans le quartier populaire du Lower East Side des cadavres mutilés d’adolescents. La police s’intéresse peu à l’affaire. Trois hommes vont donc unir leurs forces pour traquer ce nouvel avatar de Jack l’Éventreur : Théodore Roosevelt qui à l’époque n’est encore que préfet et ses amis John Schuyler Moore, journaliste, et Laszlo Kreizler, un aliéniste - on ne disait pas encore psychiatre - aux méthodes révolutionnaires… Ils vont essayer d’établir le profil psychologique du tueur pour le neutraliser. Mais leur adversaire est redoutable et les crimes s’accumulent. L’évocation de New York à la veille du XXe siècle est extraordinaire et l’intrigue passionnante. L’Aliéniste est en fait le chaînon manquant, brillamment reconstitué entre les romans d’Eugène Sue ou de Conan Doyle et les polars modernes où les profilers traquent les serial killers.


Source : livre.fnac.com

Mon avis ( mars 2010 ) : Après tant de merveilleux commentaires à l’égard de ce livre, je me suis finalement décidée d’entrer dans le roman de Caleb Carr. Une page, deux pages, et voilà que l’auteur m’emmène dans une enquête sordide, psychologique, dans les tréfonds même de la ville fanatique de New York. Un polar enlevant, une écriture palpitante et fluide, des personnages dépeignés avec talent, une intrigue époustouflante, des rebondissements à coupé le souffle, ainsi est L’aliéniste ! Et encore, les mots sont simples pour décrire un tel chef d’œuvre qui surpasse de très loin tous les polars actuels ! Dès les premières pages, nous sommes plongés au cœur de New York, au sein d’une ville où les échos de la modernité se répercutent sur les montagnes architecturales de métal, entre les fiacres qui défilent dans les rues sombres ou illuminées et entre les bousculades des passants noyés dans leur songe. Toutefois, nous passons vite de la réalité énergique de cette ville pour des quartiers plus sombres, où les plaisirs malhonnêtes se mêlent à la réalité des gens. Une histoire se dévoile entre les méandres de ces quartiers : le meurtre de plusieurs jeunes garçons prostitués et immigrés emplit l’atmosphère. La police ignorant ces meurtres en série, plusieurs personnages prennent l’enquête sous une nouvelle perspective : John Moore, chroniqueur des affaires criminelles ; Laszlo Kreizler, aliéniste aux méthodes controversées ; et finalement Sara Howard, secrétaire pour le journal Times. Ces trois personnes et leurs acolytes nous ferons vivre des moments intenses au sein d’une enquête qui dépasse l’entendement, nous plongeant dans les tréfonds impensables de la psychologie humaine, univers qui se veut complexe et effrayant…
 
John Moore, cet homme perspicace qui tient le rôle de chroniqueur criminel dans le Times, est notre guide sur les chemins secrets de l’enquête, donnant une touche encore plus intimiste à l’histoire comme si nous faisions partie de l’équipe. Téméraire, flegmatique et déterminé dans son travail assidu, il n’a pas conscience au début de l’ampleur de l’investigation et face aux meurtres infâmes teintés de barbarie, il n’aura guère le choix d’afficher une attitude stoïque pour ne point flancher devant les horreurs infligés aux enfants. Laszlo, l’aliéniste et passionné des maladies mentales, sera le pilier de l’équipe, étant le maître inconditionnel de la psychologie. Grâce à son professionnalisme, ils pourront remonter jusque dans le passé du meurtrier et donner une image complète de la personnalité du tueur, quitte même à ressentir une compassion troublante envers celui-ci. Sara, cette secrétaire au tempérament fort, devra elle aussi faire preuve d’une grande maîtrise de soi. Faisant fi de son émotivité parfois éloquente, elle fera bouger les choses tout comme ses partenaires. Par ailleurs, il ne faut pas non plus oublier les autres membres du groupe, à savoir Stevie, jeune garçon des rues, Cyrus, immigré au service de l’aliéniste, ainsi que Mary, cette douce femme au passé bouleversant. Ceux-ci, ensemble, nous dévoile toutes les subtilités de la psychologie dans ses moindres recoins dans le but de remonter jusqu’au tueur et de connaître autant son passé que les allégations qui le poussent à commettre de telles sordidités. Horrible, tout a fait horrible. Dégoûtée, choquée à l’occasion par les descriptions des corps, il n’en découle pas moins un flot de psychologie qui m’a fascinée. En ce qui est du tueur, je garderai mes lèvres fermées, car c’est à vous de faire connaissance avec ses désirs et ses œuvres…

Par surcroît, il est impossible de passer à côté de ce chef d’œuvre émérite, colossal, prodigieux et effrayant qui, nonobstant des passages montrant la nature ignoble de l’être humain, vous tient en haleine pendant tout le trajet et vous marque définitivement pour la vie. Dans mon cas, je ne verrai plus les meurtres de la même manière, maintenant marquée du sceau de la psychologie de l’aliéniste. À coup sûr, je me jetterai à nouveau entre les griffes de l’auteur afin qu’il me raconte d’autres histoire de sa plume majestueuse dans laquelle nous sommes si facilement embarqués. Cependant, je suis heureuse tout de même d’avoir quitté les méandres sépulcraux des ruelles ou les quartiers avilissants de la grande ville de New York, cette cité qui abrite la réalité illusoire du matérialisme.

Extrait du roman : « Messieurs, enchaîna-t-il, nous ne savons rien du criminel que nous cherchons. Nous ne savons même pas s'il s'agit d'un homme ou d'une femme. Tout est envisageable, en effet. Lui, par contre, a eu largement le temps de mettre sa technique au point. Ce que nous devons faire - la seule chose qe nous puissions faire, à la vérité - c'est brosser une peinture du type de personne qui serait capable de commettre de pareils actes. Une fois cette construction achevée, tout indice ou début de piste que nous pourrions découvrir acquerrait une dimension considérablement accrue en s'intégrant à notre portrait. De plus, n'oubliez pas que nous avons maintenant un atout de taille. » p. 87.

Critiques d'ailleurs : Charlotte , Yspaddaden , Morrison

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