Agnès Grey
Coup de coeur !
Année : 2001
Pages : 298
Catégorie : Classique anglais
Âge : Dès 12 ans
Temps de lecture : Une semaine
Résumé : La cadette des sœurs Brontë nous donne à lire un roman dit de « gouvernante » qui se distingue par une grande qualité énonciative du récit, la finesse d’analyse des situations et la justesse de ton de la critique sociale et surtout une imagination inventive et poétique formidable.
Source : livre.fnac.com
Mon avis ( août 2010 ) : Agnès Grey est l’un de ces romans dont la prose d’écriture égale la douceur d’un poème. Je ne saurais dire comment, mais la beauté de chaque phrase venait m’atteindre comme seul quelques écrivains savent le faire. Le récit mélangé à la finesse de la plume donne un coup de cœur, un apothéose de légèreté, et je suis sûre que l’histoire n’aurait pas eu le même impact entre les mains d’un autre auteur, à moins qu’il n’arrive à changer une simple histoire en un chef d’œuvre, comme l’a fait dame Brontë. Certains diraient que ce roman ne vaut pas cet honorable titre ; je dirais qu’ils n’ont ni tord, ni raison. En effet, la base du récit ne diffère pas des autres classiques anglais et ne détient pas la palme de l’originalité quant à la construction et à l’intrigue, nonobstant la plume qui lui donne vie. Et c’est sur ce plan qu’ils ont tord puisque l’écriture donne toute l’essence au roman et embellis la simplicité de l’histoire. De ce fait, j’étais ravie d’entreprendre une aventure au côté d’une jeune gouvernante qui doit prendre en main l’éducation des enfants de deux familles afin que son salaire puisse aider ses parents à se tirer d’une pauvreté à venir. Les valeurs éducationnelles sont les valeurs principales du roman puisqu’Agnès doit affronter des enfants dont l’éducation et la discipline ont été pris à la légère. Pour qu’un enfant puisse s’épanouir intérieurement, il a besoin d’un encadrement et des valeurs qui sauront lui apporter un bien-être. Bien évidemment, l’éducation n’est jamais facile et il y a certaines familles qui priment la frivolité plutôt que des notions importantes dans l’évolution de leur enfant. Et ce livre démontre assez bien les répercussions que cela peuvent avoir sur leur personnalité. Croyez-moi, j’avais quelques fois la bouche grande ouverte tant j’étais indignée de leurs actions ! On comprend que nous n’avons pas tous les mêmes visions éducationnelles. Et il n’y a pas que cette valeur véhiculée dans ce bouquin : la famille est une chose abordée avec passion, notamment lorsque l’oiseau doit faire son premier saut hors du nid. Les liens sont serrés et malgré la solitude, la distance et les obstacles, ils ne se délassent en aucun cas. Ça aurait été encore mieux que la notion de famille soit abordée avec de plus amples profondeurs et ajouter ainsi une dose d’émotions, peu creusée malgré la tendresse des mots.
Les élans de la témérité d’Agnès Grey ne nous apparaît pas dès les premières pages, au contraire, puisqu’ils se développent au fur et à mesure que le récit s’enchaîne, car pour être gouvernante, il faut faire preuve à la fois de courage et de sang froid. Cependant, sa personnalité, bien que tendre et respectable, ne diffuse pas une grande véracité. Ses défauts sont presque inexistants ; une femme parfaite, je dirais, à tous les points. Bienveillante souriante, courageuse, hardie, croyante, raisonnable, etc. Le seul défaut que j’ai à peine entrevu, c’est qu’elle n’écoute pas le murmure de son cœur sur le plan amoureux. Et encore, ce défaut se change en qualité ! J’adorais son personnage, je m’y sentais attachée, mais elle ne montrait pas la réalité, surtout de cette époque. Il en va de même pour sa famille que nous ne connaissons qu’en surface, et encore ! Sa famille trempe dans une légère pauvreté et les fonds s’amenuisent, c’est pourquoi Agnès décide de travailler comme gouvernante. Fin de l’histoire familiale. Aucune précision réelle sur leur personnalité, exception fait que son père est un généreux prêtre. Étant donné que le sujet principal était l’éducation des enfants, il aurait été merveilleux d’approfondir les racines d’Agnès. Enfin, tant que nous découvrons les familles dans lesquelles la jeune femme fait ses preuves, le bonheur est au rendez-vous. La première est le nid tout désigné pour héberger de futurs adultes aux tendances agressives : un garçon qui égorge des animaux par pur plaisir ; des jeunes sœurs d’une insolence exceptionnelle pour leur jeune âge ; une mère inexistante ; un père imposant montrant l’exemple de la violence à son fils ; bref, toute une famille ! La deuxième a une base un peu mieux centrée, mais axée généralement vers la frivolité, l’égoïsme, l’excentricité, en somme, une famille tournée vers la société mondaine. Ce sont des jeunes filles qui se préoccupent un peu trop de leur amour propre, surtout l’aînée, mais elles restent des personnes agréables et attachées à leur gouvernante. Et il y a également le jeune gentleman de l’église… mais chut, je garde ça secret !
Ainsi, vous avez bien compris, mon cœur a complètement craqué pour ce livre qui se mange comme un bonbon et par cette auteure que je qualifie de remarquable. À vrai dire, sa plume a quelques similarités avec celle de Jane Austen, sans pour autant lui ressembler. Un moment de détente incomparable et qui, je dois l’avouer, sera un de mes classiques anglais préférés ! Même si la bourgeoisie n’y paraît pas, ainsi que les mésaventures habituelles des jeunes dames de cette classe ( comme les roman de madame Austen ), on est emplit de tendresse, de joie, de bien-être quoi ! Un analgésique littéraire, je dirais ! Un roman que vous ne devez pas laisser de côté, car vous ne ferez pas connaissance avec un talent semblable pour le maniement des mots. Malheureusement, impossible de la comparer à sa sœur, Emily Brontë, car elles ont toutes deux leur cachet personnel, tout comme doit l’avoir Charlotte Brontë. Un trio pourvu de grandes aptitudes !
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