vendredi 12 novembre 2010

Le joueur de Dostoïevski

Le joueur





Éditions : Gallimard / Folio Classique
Traduction : Sylvie Luneau
Année : 2007
Pages : 222
Catégorie : Réalisme russe
Extrait : La grand-mère ne comprit pas tout d'abord, mais quand elle vit le croupier ratisser ses quatre mille florins avec tout ce qui se trouvait sur la table et apprit que le zéro qui était resté si longtemps sans sortir et sur lequel nous avions misé près de deux cents frédérics était sorti, comme par un fait exprès, au moment où elle venait de l'insulter et de l'abandonner, elle poussa une exclamation et se frappa bruyamment les mains l'une contre l'autre. Autour d'elle, on se mit à rire. p. 118.

Résumé 

Paulina éclata de rire : - Vous m'avez dit l'autre jour, sur le Schlangenberg, que vous étiez prêt, sur un mot de moi, à vous jeter en bas, la tête la première et nous étions bien à mille pieds de haut.
Je dirai ce mot un jour, uniquement pour voir si vous vous exécutez et soyez certain que je montrerai du caractère. Je vous hais justement parce que je vous ai permis tellement de choses, et je vous hais encore plus parce que vous m'êtes si nécessaire.


Source : decitre.fr



Mon avis
Je me suis plongée derechef dans la littérature russe, cette fois-ci avec Le joueur de Dostoïevski. Faisant partie des œuvres maîtresses du réalisme russe, il m’a permis de comprendre certains aspects de la Russie à travers les personnages, bien que le récit se déroule en Allemagne. Les casinos, l’addiction au jeu, voilà les thèmes principaux de ce livre dans lequel le voyage ne peut qu’être édifiant sur le plan intellectuel. Nous faisons rencontre avec Alexis Ivanovitch, un jeune précepteur d’un général russe dont la famille est au bord de la ruine. Le jeune homme s’éprend d’une autre russe, Paulina, avec laquelle il va établir une relation d’amour haine. Or, celle-ci sera la génitrice d’un nouveau mal chez-lui : sa folie du jeu. Au début, il le fait par obligation, puis par addiction, lequel atteint son paroxysme à la fin. La grand-mère Baboulinka sera un élément déclencheur du récit, car elle va bouleverser la vie de cette micro-société en s’abandonnant naïvement aux casinos, alors que tous convoitent son riche héritage.

Dès le départ, les détails sont minutieux, les casinos et les jeux qui s’y retrouvent sont dépeints avec une telle précision qu’il nous est impossible de ne pas les imaginer. Cette fidélité est remarquable et nous renseigne subtilement sur l’auteur puisque Dostoïevski a bien vécu le voyage matériel dans les tréfonds des maisons de jeux. Cette complexité est un peu étourdissante quand on ne s’y attend point, mais elle est un pilier mélioratif du roman. On peut jusqu’à ressentir l’addiction du jeu qui s’éprend d’Alexis ou de la grand-mère, même si cet univers n’a jamais été exploré par certains d’entre-nous. Les personnages sont également authentiques et réels. Alexis Ivanovitch est le reflet de l’auteur par ses visions idéologiques, sa dépendance au jeu et ses relations sociales. Paulina est à la fois féroce et fragile, car sous son air de témérité se cache une sensibilité niée par celle-ci. Bien qu’elle aime Alexis, elle le traite à plusieurs occasions comme un esclave, soulignant ainsi leur relation d’amour haine qui ne finit pas. Une relation amoureuse que je ne comprendrai jamais d’ailleurs, étant illogique à mes yeux… Le Français Des Grieux est un être hautain doublé de bonnes manières qui cachent un côté quelque peu narcissique. Sa relation avec Alexis est particulièrement tendue, notamment parce que se sont deux êtres aux visions politiques opposées, le premier étant occidentaliste et l’autre, slavophile. Puis, il y a également le général russe que l’on peut qualifier de pusillanime, Madame Blanche qui a un penchant pour le matérialisme et la grand-mère Baboulinka dont l’hardiesse de caractère est fascinante. À vrai dire, c’est mon personnage favori à cause de sa personnalité extravertie pour son âge !

En outre, ce petit bijou de la littérature russe est à découvrir rapidement. La plume de Dostoïevski ne peut que faire honneur au courant littéraire du réalisme : sens scrupuleux du détail, écriture objective, authenticité de la réalité, etc. Vous serez captivé et entraîné comme Alexis dans les échos déchaînés des casinos. Une découverte agréable qui me pousse à vouloir lire les autres œuvres de cet auteur. Remerciements au professeur qui nous a fait connaître ce roman aussi réel que nos vies.



1 commentaire:

  1. J'ai déjà lu ce livre mais je n'en ai aucun souvenir, c'est horrible. À part que j'avais aimé. Il faut définitivement que je redécouvre Dostoïevski.

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