vendredi 22 octobre 2010

Monstres ( tome 1 ) de JM Bonnel

Monstres ( tome 1 ) : Gorgone






Éditions : Les Éditeurs Réunis
Année : 2010
Pages : 434
Catégorie : Romans jeunesse
Âge : Dès 10 ans
Temps de lecture : Cinq jours

Résumé : Théodora est une jeune fille à qui la vie sourit depuis sa naissance. Dotée d'une intelligence et d'une malice sans bornes, Théo est d'une beauté simple et envoûtante. Ses grands yeux verts et sa longue chevelure d'or attirent souvent la convoitise. La vie de Théo bascule lorsque la déesse de l'amour, Aphrodite, se laisse convaincre que la jeune fille la surpasse en grâce et en beauté. Folle de rage, Aphrodite change Théo en « gorgone » : la
longue chevelure dorée de la jeune fille fait place à de terribles serpents, et son regard d'émeraude autrefois si doux a désormais le pouvoir de figer à jamais les gens en statue de pierre. Pourchassée, malmenée par les habitants de son propre village, Théodora n'aura d'autre choix que de vivre comme une recluse. Elle préparera alors sa vengeance et Aphrodite sera piégée par la jeune gorgone.

Deux mille ans plus tard, un jeune Chaman nommé Solan vient demander l'aide de la gorgone. Privés de la déesse Aphrodite, les Hommes ne connaissent plus l'amour, et le peu d'humanité qui leur reste est en voie de disparition. Théodora devra donc faire un choix : suivre Solan dans sa quête ou se détourner du sort des Hommes, ceux-là mêmes qui ne
voient en elle qu'une seule chose : UN MONSTRE.


 

Source : renaud-bray.com










Mon avis ( juillet 2010 ) : Il y avait longtemps que je n’avais pas lu une série fantastique consacrée à la jeunesse ( bien que cela me plaît toujours autant aujourd’hui ! ). Cela me rappelait inévitablement les romans arrosés de fantasy que je lisais plus jeune. Ainsi, il n’est pas incroyable que j’ai immédiatement accroché à ce premier tome qui offrait, malgré une intrigue concoctée à partir des mêmes ingrédients que les autres de son genre, une liaison entre les mythiques créatures des grimoires et les problèmes réguliers qui découlent de l’adolescence. Un mélange magnifique, car le récit aborde avec humour et goétie le racisme quant aux différentes races et la façon de s’accepter tel que l’on est. Une idée adéquate pour que les jeunes lecteurs s’identifient à cette adolescente en quête d’identité tout en se familiarisant avec les effluves illustres des légendes fantastiques entourant les êtres imaginés et les dieux du temple grec. Bien évidemment, l’écriture n’est pas incomparable et les rebondissements se prévoient à l’avance, mais ces détails ne sont que poussière lorsqu’on se régale de l’odyssée de Théodora, cette gorgone néophyte dont l’identité se voit basculer alors que son existence s’écroule à cause de la jalousie de la déesse Aphrodite. Et deux mille ans plus tard, elle ouvre les yeux sur un univers qui n’est pas le sien, sur des individus dissemblables, lesquels elle devra aider pour les sauver d’une vie sans amour et s’aider soi-même par la même occasion. Cependant, un petit point à surveiller : j’ai retenu quelques erreurs dans la construction de l’histoire. Primo, comment la déesse de l’amour peut-elle être farouchement jalouse d’une jeune grecque à la beauté singulière ? Car Aphrodite, si on en croit son statut, ne devrait en aucun cas ressentir de la jalousie puisque l’amour n’est pas envieux, il est d’une pureté inconditionnelle. Oui, elle est peut-être également la déesse de la beauté pour les Grecs, mais si son royaume est l’amour, alors son comportement ne peut être le sien. À moins qu’elle est la déesse d’une sous-catégorie de l’amour, ce qui est fort possible… Secundo, comment Théodora, malgré son statut nouveau de gorgone, peut sommeillé pendant deux mille ans sans en ressentir les secousses dévastatrices ? Sans mourir de faim, de soif ou de vieillesse ? Une erreur plutôt percutante, mais qui se pardonne facilement, croyez-moi !

Jusqu’à un certain point, je me suis retrouvée dans le personnage de Théodora, car nous avons un caractère similaire, une carapace aussi étrange que futile. Nous avons une impatience exagérée et une « tête de cochon  » qui, excluant un objectif à atteindre, ne peut qu’apporter de mauvaises choses lorsqu’on l’utilise à un moment non propice. Et la carapace nous sert à nous protéger des autres, peu importe leur personnalité. Mais la similarité s’arrête à cet endroit puisqu’elle a son individualité propre. Sa témérité égale son courage et peu importe les circonstances de la vie, elle est prête à se donner corps et âme lorsque son choix est réalisé. Malheureusement, sa transformation et l’expulsion de sa famille qui en est résulté a fait d’elle une personne qui n’accepte pas la main des autres et préfère demeurer dans la solitude avec son meilleur ami, qui est nulle autre qu’une souris à la conscience culturelle chevronnée ( une souris amoureuse des livres, en plus ! ). Toute confiance s’est volatilisée et lors de ses aventures, elle la recouvra petit à petit, de même qu’elle acceptera de s’aimer comme elle est et de ne point s’haïr à cause de son apparence trompeuse. C’est grâce à Catherine, Casey, mais surtout à Solan, qu’elle retrouvera son identité. Ce dernier est un chaman exemplaire, à l’écoute des besoins des autres et doté d’un humour généreux et d’un courage qui lui vient de sa difficile existence dans un monde engloutit par l’hypocrisie. Bref, c’est un jeune homme charmant ! Cependant, il a une tête aussi têtue que Théodora, ce qui provoque des disputes assez tumultueuses et ils ont tous les deux besoin de faire confiance à leur cœur, surtout Solan qui n’en est pas moins confus de ses sentiments que son amie. Casey et Catherine, quant à eux, sont frère et sœur, mais qui ont été séparés lors de l’enfance à cause de leur statut différent. Le jeune homme, brave et solitaire, a dû combattre les impuretés des camps pendant de nombreuses années tandis que sa sœur a baigné dans un narcissisme sans amour, ce qui lui vaut un caractère égocentrique cachant un manque flagrant de tendresse. Je me suis trompée au début sur leur compte, notamment Catherine, et après coup, ce sont des adolescents admirables aux qualités étonnantes et j’ai été émue de les voir recouvrer un puissant lien fraternel après bien de placidité. Et comment ne pas passer à côté des humains, nous-mêmes, tapis dans une ville déformée par l’égoïsme et le pouvoir ? N’est-ce pas une brève vision de notre société moderne qui pas à pas frôle l’hypocrisie ? Il est difficile de croire que nous égalons à peu près cette terre balayée par l’ego et la peur. Les romans, même jeunesse, nous montre souvent une part de véracité : il en est de même pour celui-ci, bien que cette part demeure dans les coulisses.

En outre, vous avez compris, j’ai été emballée par ce premier tome et que je ne passerai pas à côté des prochains volumes qui relatent le chemin de vie de quelques personnages mentionnés dans ce récit. Lorsqu’un livre touche un sujet aussi profond que la quête de soi, je suis irrémédiablement captivée. N’est-ce pas l’un de nos buts, trouver notre identité personnelle dans un monde aussi instable que le nôtre ? Les jeunes adoreront, les adultes également, et je dois avouer que beaucoup d’adolescents s’y retrouveront puisque ce fut moi-même mon cas. L’écriture de l’auteure se marie bien à sa catégorie : simple, douce, qui va droit au but sans tomber dans des détails métaphoriques ou des descriptions volumineuses auxquels les jeunes n’auraient pas accroché. En bref, une délicieuse série qui feront sentir à ses lecteurs que le monstre que nous croyons être n’est qu’un léger masque cachant notre humanité et notre vraie individualité.

Extrait du livre : « Mais elle était libre de quoi au juste ? De rester terrée sa vie entière au fond d'une grotte ? De tuer d'un simple regard les gens qui la mettraient en colère ? De vivre comme un animal blessé ? Non, Théodora n'était pas dupe : elle était tout, sauf libre ! Pour être honnête, elle était même plutôt prisonnière. Prisonnière de qui elle était et de sa vie... » p. 62.

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