vendredi 22 octobre 2010

Maudit karma de David Safier

Maudit karma



 Coup de coeur !



Éditions : Presses de la Cité
Année : 2008
Pages : 324
Catégorie : Humour
Âge : Dès 13 ans
Temps de lecture : Deux jours
Résumé : Animatrice de talk-show, Kim Lange est au sommet de sa gloire quand elle est écrasée par une météorite. Dans l'au-delà, elle apprend qu'elle a accumulé beaucoup trop de mauvais karma au cours de son existence. Non seulement elle a négligé sa fille et trompé son mari, mais elle a rendu la vie impossible à son entourage. Pour sa punition, Kim se réincarne en fourmi. Et le pire reste à venir: de ses minuscules yeux d'insecte, elle voit une autre femme la remplacer auprès de sa famille. Elle doit au plus vite remonter l'échelle des réincarnations. Mais, de fourmi à bipède, le chemin est long. Kim devra surmonter bien des obstacles... et, au passage, revoir la plupart de ses conceptions sur l'existence !
Tour à tour incisif, léger et émouvant, Maudit Karma est un roman jubilatoire. 

Source : pressesdelacite.com

Mon avis ( juillet 2010 ) : Cette lecture, dévorée en deux jours à peine, fut un moment d’échappement complet. Jamais auparavant, un roman m’avait fait jubiler avec une telle ampleur ! Bien que l’écriture au ton léger ne se range pas dans l’art de l’excellence, le récit se revêt d’une grande inventivité, abordant un précepte religieux pour le transformer en une comédie truculente douée de fumisterie. Le résumé autant que l’illustration nous préparaient à cette tragi-comédie ( oui, car il y a un brin de tragédie derrière cette aventure cocasse ), mais la surprise est de taille lorsqu’on plonge dans le roman. Le ton du personnage, nuancé entre le sarcasme et l’excentricité, fait tout a fait appui au récit qui met en avant-scène une doctrine orientale peu abordée de nos jours. À la suite d’un accident parfaitement inhabituel, Kim Lange se retrouve extraordinairement dans la peau d’une… fourmi. Guidée par un bouddha miniature qui disparaît continuellement, elle doit apprendre à accumuler du bon karma afin d’évoluer dans les sphères animales : fourmi, cochon d’Inde, écureuil, chien, etc. Bien évidemment, amasser du bon karma n’est pas une mince tâche et grâce à son ami Casanova, un don Juan d’une autre époque, elle va réussir à gravir les échelons pour pouvoir approcher sa famille afin d’éviter qu’une autre personne prenne sa place. Assez tordant comme intrigue, je vous l’accorde. Mais cachée à l’arrière de cette burlesque odyssée, il y a des valeurs importantes qui s’y rattachent, notamment celle de la famille. En effet, Kim prend conscience que son absence auprès de sa fille à cause de son travail lui a fait perdre de moments précieux avec celle-ci. Voyant désormais la réalité sous un autre angle, elle renoue à distance avec son enfant, s’attendrissant de ses moindres gestes et promettant que, si elle peut sortir de cette réincarnation, elle serait davantage présente pour sa petite colombe. En évoquant les émotions maternelles, bien que toujours arrosé d’humour, l’auteur arrive pendant quelques instants à faire dériver le timbre vers une note plus émouvante.

Kim Lange est une femme plutôt surprenante et excentrique, surtout à cause de son humour cinglant qui déconcerte dès les premières pages. Étant animatrice de talk-show, elle n’avait plus que son travail à l’esprit, délaissant sa fille et trompant son mari, indifférente à son entourage et ne trouvant son bonheur que dans la popularité dans laquelle elle baignait avant que son accident arrive. Sa réincarnation dans le corps d’une fourmi est égale à une gifle. Elle doit revoir toutes ses notions et ses valeurs, ainsi que mettre de côté son égoïsme habituel pour monter sur l’échelle «  karmique ». Cependant, bien qu’elle résistera au début en usant de stratagèmes imprévisibles, elle se fera enfin à l’idée, laquelle sera une flèche vers la dernière marche de l’échelle. Non sans surprise, malgré les mésaventures et les coups durs, elle nous conte ses pensées avec la même ironie, ce que j’ai particulièrement apprécié chez-elle, car cela lui donne une personnalité haut en couleur. Bien évidemment, il aurait été nettement mieux qu’elle abandonne ce petit côté lors des moments tragiques, mais le récit aurait été différent. J’ai été également émue lorsqu’elle parlait de sa fille et quand elle s’attendrissait en la regardant. Je ne croyais pas retrouver dans son caractère la facette maternelle qui n’y était pas au début. Néanmoins, sa personnalité un peu capricieuse et extravagante m’agaçait à l’occasion et ses petites infidélités ne m’ont pas également plu, car cela ne concordait pas avec sa mission première : ravoir son mari et l’éloigner de sa nouvelle femme en gâchant leur mariage. À côté d’elle, il y avait aussi Casanova, ce séducteur de dames venu d’une autre époque qui savoure chaque moment avec un élégant romantisme et qui lui aussi était à l’état de fourmi. Toujours allègre, il donnait un autre style de piquant au récit et je dégustais ses pensées que l’auteur mettait à l’occasion à la fin des pages. Pour un archaïque coureur de jupons, je l’ai beaucoup affectionné pour son attitude méliorative ! Et évidemment, il nous en a fait voir de toutes les couleurs en tombant éperdument d’amour avec la nouvelle fiancée du mari de Kim. Désopilant ! Et comment ne pas s’amouracher de la petite fille, cette colombe qui n’attend que le retour de sa mère défunte ? 

En bref, ce fut un coup de cœur assuré ! L’originalité du sujet, l’humour incisif, la conception de l’intrigue et les personnages, tous ces ingrédients ont transformé cette lecture en un vrai régal ! Je n’ai peut-être pas autant apprécié l’écriture allégée qui ne laisse pas de place à une profondeur plus marquée ou à des détails plus élaborés ainsi que la conclusion qui était pleinement prévisible et dépourvu d’une bonne morale ( selon moi ), mais l’excellence du récit cache soigneusement ce désagrément. Une autre observation positive : j’ai adoré les passages où elle décrit la lumière divine. Magnifique ! Pour moi, ces quelques mots étaient les plus émouvants du récit. Une observation minime qui m’a pourtant marquée ! Alors, qu’attendez-vous pour découvrir ce best-seller allemand complètement hilarant ?!

Extrait du livre : « L'odeur de l'herbe semblait infiniment plus appétissante au cochon d'Inde que j'étais, tandis que la mortadelle me dégoûtait carrément. Autrefois, quand j'étais humaine, je n'étais absolument pas végétarienne - l'impressionnant excédent de biomasse sur mes hanches était là pour en témoigner. Mais il en allait tout autrement à présent : la seule pensée de la quantité de viande que j'avais absorbée au cours de ma vie humaine me faisait frémir d'horreur. Surtout parce que je me demandais maintenant si je n'avais pas boulotté quelques humains réincarnés : le porc aigre-doux n'était-il pas, par hasard, un Chinois réincarné ? La saucisse au curry, ma défunte tante Kerstin ? Et cette mortadelle dans l'écuelle, n'était-ce pas feu le chancelier Konrad Adenauer ? » p. 150.

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