vendredi 22 octobre 2010

L'odyssée du Winnipeg de Román Chao

L'odyssée du Winnipeg





Éditions : Buchet-Chastel
Année : 2010
Pages : 254
Catégorie : Roman uchronique
Âge : Dès 14 ans
Temps de lecture : Cinq jours
Résumé : C'est à la fin de l'été 1939 que deux mille cinq cents hommes, femmes, enfants et vieillards, pour la plupart communistes, tristes vaincus de la nouvelle Espagne franquiste et proscrits de l'histoire, embarquent à Bordeaux sur un improbable bateau.

Il a pour nom Winnipeg. Pour armateur, Pablo Neruda. Pour destination, Valparaíso.

À bord, Luis Gontán, alias Kilowatt, électricien - comme son père avant lui - dans un petit village de Galice, a vu sa vie bouleversée par la guerre d'Espagne en 1937. De témoin, il en est devenu acteur. Bien malgré lui d'ailleurs, quand, par erreur, au cours d'une existence débridée, faite de tromperies et d'enchevêtrements amoureux, il est pris pour Foucellas, le redoutable guérillero galicien, anarchiste et antifranquiste.

Une méprise qui l'a conduit à endosser bien d'autres vies. Mais c'est en dérobant son portefeuille à un brigadiste mort qu'il trouve la clef de son destin : une carte d'adhérent au PC, le sésame grâce auquel il gravira la passerelle du Winnipeg en quête d'une raison d'espérer et d'une vie nouvelle au Chili...

 

Source : librairiedialogues.fr



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Mon avis ( juin 2010 ) : Après la lecture de ce roman péquiste frôlant l’ironie et la douleur, la barbarie et l’aventure dans les contrées espagnoles happées par la guerre, mon avis était malheureusement mitigé. D’une part, j’avais vogué sur une écriture entraînante à l’humour bien grinçant, sans ne point échapper à la sensibilité, et ce voyage m’avait particulièrement plu puisque je me délectais des péripéties douloureuses ou loufoques du personnage. Cependant, les passages politiques ou détaillant la guerre qui abîmait tant de générations m’avaient oppressée à un point où je patinais régulièrement sur les pages. Compte tenu de mon aversion totale envers les affaires politiques et ma confusion face à tous ses noms de partis ( communiste, franquiste, etc. ), j’étais perdue dans les aléas de cette guerre sans rien comprendre à l’idée générale de celle-ci, notamment lorsque nous quittions le protagoniste pour retrouver les politiciens. Ainsi, je n’ai pu saisir que le récit personnel de Kilowatt, les entrelacs de la guerre d’Espagne demeurant une ombre dans mon esprit. Et croyez-moi, j’aurais voulu saisir toutes les particularités de ce combat, car cela m’aurait permis d’acquérir davantage de plaisir lors de cette lecture qui était, hormis ce seul défaut, un récit pittoresque. Bien que j’aurais aimé que la sensibilité face aux horreurs de la dissension soit mieux exprimée, je ne suis pas contre l’humour ironique de Luis ( Kilowatt ) qui nous fait passer au sein de cette épreuve avec plus de légèreté et moins de larmes. Toutefois, je ne m’attendais point à ce que l’épopée du bateau commence aussi loin, presque à la moitié du bouquin. Mais ce petit constat n’est qu’une mince poussière sur la surface de l’œuvre.

Je ne peux pas dire que je fus très attachée à Luis Gontán, alias Kilowatt, car certaines de ses manières me laissaient perplexe ou dégoûtée. Je parle notamment de sa légère indifférence face à la situation ou de s’être fait passé pour un guérillero galicien nommé Foucellas sans la moindre parcelle de remord alors que renier son identité première dépasse l’horizon d’un mensonge. De même, son infidélité à l’égard de sa jeune fiancée enceinte, restée à l’attendre dans sa bourgade, est outrageante. Son impuissance à la vue de la gente féminine n’excuse en rien ses nombreux imbroglios amoureux lors de son aventure et j’ai fulminé en le voyant essayé d’avoir des nouvelles de sa femme en clamant être son fiancé alors qu’il ne mérite point ce statut. Mais nonobstant tous ses caprices qui font de lui un piètre soldat, il reste que c’est un homme guilleret, audacieux, à l’humour croustillant et, à tout le moins, éminemment rusé. Sa chance d’être encore en vie lui a offert l’opportunité  d’espérer une nouvelle existence au Chili et son expédition sur le bateau Winnipeg n’est que la passerelle vers cette sortie. Néanmoins, il n’oubliera jamais sans doute les turpitudes du conflit espagnol qui, comme pour tous les soldats, lui a laissé des séquelles inguérissables.

À tout prendre, ce fut une découverte littéraire assez intéressante, nonobstant mes quelques déceptions, car ce roman nous fait passer un moment de lecture enrichissant sans que nous tombâmes dans le larmoiement. L’auteur espagnol qui a pondu cette œuvre a sûrement vécu les affres de cette guerre et je lui dédie mes félicitations pour ce bouquin relatant ce pan de la vie de l’Espagne, bien que je n’aurais jamais tout compris. Mais étant donné mes difficultés  avec les affaires d’ordre politique, je suis d’avis que l’effet ne sera pas le même pour les autres lecteurs et qu’eux comprendront les nombreux stratagèmes derrière cette abominable guerre. De ce fait, je conseille fortement ce roman qui est une autre invitation à découvrir la littérature espagnole dont les récits se teintent d’originalité. Grâce à Blog-O-Book et les éditions Buchet-Chastel, que je remercie chaudement, je n’ai pas terminé ma rencontre avec Román Chao !

Extrait préféré du roman : « Voilà où nous en sommes, c'est-à-dire au bout du rouleau. J'ai connu presque trois ans de guerre, torrent qui ne s'écoule pas sans faire de graves dégâts chez les gens. Des souffrances et des moments de découragement, parce qu'un fleuve ne jaillit pas sans faire de bruit là où meurent les hommes. Toujours impassible, la haine a mené jusqu'à la mer les tristes feux des cruelles représailles. Il y eut durant ces années-là trop de sang et de rancoeur. Si vous n'avez pas peur des fables, écoutez cette conclusion qui vient de me venir à l'esprit. » p. 146.  

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