jeudi 21 octobre 2010

Les poèmes d'Anne Hébert

Tout récemment, j'ai découvert la plume lyrique d'Anne Hébert, par l'entremise du roman Les chambres de bois ( mon avis disponible très bientôt ). C'est une auteure québécoise avec laquelle je vais me familiariser peu à peu, notamment avec bon nombre de ses oeuvres endormis sur mes étagères. Or, je suis déjà tombée sous le charme de son écriture qui arbore naturellement toutes les émotions humaines dans leur plus vaste profondeur. Ainsi, c'est pourquoi je veux vous faire apprécier quelques unes des proses de cette gente dame qui a composé moult poèmes.



Au palais de l'enfant sauvage


Au palais de l'enfant sauvage
Jaillirent des larmes de sel
Leur éclat fut tel
Que les gardes qui veillent
Aux marches du palais
Furent terrassés sans retour
Dans un éblouissement de lune et de cristal
Insoutenable et sans objet apparent.

 
( Anne Hébert, Poèmes pour la main gauche,
Les Éditions du Boréal, 1997. )



De toutes petites peines


 De toutes petites peines
Quotidiennes
Posées sur le pré à midi

Larmes d'enfants
Mises à sécher sur l'herbe verte

Fondent au soleil
Montent au ciel
Si légères et transparentes

Se mêlent aux nuages
Ne laissent dans l'air pur
Nulle trace ni plainte visible.

 
( Anne Hébert, Le jour n'a d'égal que la nuit, 1992, p. 70 )



Neige


La neige nous met en rêve
Sur de vastes plaines,
Sans traces ni couleur.

Veille mon cœur,
La neige nous met en selle
Sur des coursiers d’écume.

Sonne l’enfance couronnée,
La neige nous sacre en haute-mer,
Plein songe,
Toute voile dehors.

La neige nous met en magie.
Blancheur étale.
Plumes gonflées
Où perce l’œil de cet oiseau.

Mon cœur ;
Trait de feu sous des palmes de gel
Fille de sang qui m’émerveille.

 
( Anne Hébert, Mystère de la parole, 1960 )  

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