mercredi 20 octobre 2010

La nostalgie de l'ange d'Alice Sebold

La nostalgie de l'ange





Éditions : J'ai lu
Année : 2009
Pages : 510
Catégorie : Romans dramatiques
Âge : Dès 14 ans
Résumé : " Nom de famille : Salmon, saumon comme le poisson ; prénom : Susie. Assassinée à l'âge de quatorze ans, le 6 décembre 1973. [...] C'est un voisin qui m'a tuée. Ma mère aimait ses parterres de fleurs et un jour, mon père et lui avaient parlé engrais. " Le viol et le meurtre de la petite Susie sont sans doute les souvenirs les plus effroyables qu'elle ait emmenés au paradis. Mais la vie se poursuit en bas pour les êtres que Susie a quittés, et elle a maintenant le pouvoir de tout regarder et de tout savoir. Elle assiste à l'enquête, aux dramatiques frissons qui secouent sa famille. Elle voit son meurtrier, ses amis du collège, elle voit son petit frère grandir, sa petite soeur la dépasser. Elle observe, au bord du ciel, pendant des années, la blessure des siens, d'abord béante, puis sa lente cicatrisation... Habité d'une invincible nostalgie, l'ange pourra enfin quitter ce monde dans la paix.


Source : renaud-bray.com



Mon avis ( janvier 2010 ) : Étrange… Quel roman ineffable… Je ne sais que dire après cette lecture car le récit m’a laissé un sentiment mitigé, partagé entre un effleurement d’admiration et une évidente déception. Je ne m’attendais guère à une histoire semblable. J’espérais une approche davantage spirituelle et imaginaire, non pas qu’il y en a, mais j’ai trouvé que lorsque Susie est dans son paradis, elle a une vision encore trop humaine des choses. Cependant, l’introspection psychologique des personnages est ce qui m’a particulièrement plue puisque nous voyons à intervalle, par les yeux de cette jeune fille assassinée, les réactions divergentes de chaque protagoniste, de même que leur évolution au fil des années. De son paradis, Susie Salmon, adolescente de 14 ans violée et assassinée, se met à observer le cheminement et les cogitations de sa famille, de ses amis, et même de son meurtrier qui continue à fantasmer sur de futures victimes, dont la sœur de Susie. C’est ainsi, sous la plume éthérée de l’auteure, que Susie nous parle au fil de ses réflexions, de ses souvenirs et de ses observations en nous faisant plonger dans sa famille désemparée par son meurtre dont les indices se sont éparpillés tel un casse-tête. Ce n’est pas juste une histoire de suspense, de policier, mais plutôt un récit psychologique qui nous montre les réactions de chacun à la suite du meurtre de la jeune fille, ce qui donne une approche subjective au roman.

Susie Salmon est douée d’une imagination fertile et dénombre ses souvenirs avec perspicacité, s’arrêtant sur des détails insignifiants qui sont pour elle des moments inoubliables. À la suite de sa mort, elle se retrouve entre-deux, dans son petit paradis, encore largement attachée à son ancienne vie et les gens qui y ont déambulés. Or, c’est là que je déplore le manque de spiritualité car à mon avis, même si elle est encore sujette aux émotions humaines, elle n’imaginerait pas son paradis secret avec une ville, une école et tout le matérialiste terrestre. J’espérais quelque chose de plus beau, plus féerique, un endroit où s’éclore l’énergie astrale, tout en la gardant néanmoins près de ses proches. Un autre constat est sa descente momentanée dans le corps de Ruth dans le but de rejoindre son premier amour. C’est bien beau ressentir encore les émotions humaines au ciel, mais il y a une limite puisque nous n’avons plus la même perspective des choses après notre mort. Pourquoi aurait-elle eu la simple idée de descendre, par mégarde bien évidemment, dans le corps d’une autre jeune fille juste pour avoir une relation charnelle avec un garçon, sans oublier qu’elle n’a que quatorze ans dans son esprit ? Désolée, je ne comprends pas et je ne trouve pas que cela colle avec son personnage. Sinon, malgré ces points négatifs, j’ai adoré le protagoniste de Susie, j’ai été touchée par son histoire et j’ai frissonné face à ses mots. En ce qui est des autres personnages, ils vivent tous la situation différemment, chacun y allant de leurs sentiments : le père cherche avidement des indices afin de retrouver le meurtrier de sa fille qu’il soupçonne être son voisin, même jusqu’à devenir délirant à plusieurs moments ; sa mère s’éloigne de sa famille pour tout oublier, s’éloigner du passé et revenir à une vie qu’elle a longtemps souhaitée ; sa sœur reprend une existence plutôt normale, aidée par son amoureux et aura même le courage de s’introduire dans la maison de l’assassin ; son frère subit les conséquences de l’agitation de ses parents, surtout de sa mère, en devenant plus ou moins renfermé en grandissant à cause du manque de tendresse qu’il n’a pas reçu au bon moment ; son premier amour, Ray, garde toujours un souvenir d’elle et se lie d’amitié avec Ruth, celle-ci différente des autres grâce à son aptitude pour sentir et voir la réalité d’un œil plus sensitif que la moyenne générale ; et finalement son meurtrier et voisin pédophile persiste à se laisser envahir par ses désirs inassouvis en brouillant les pistes, l’esprit obsédé sur sa sœur jusqu’à temps qu’il décide de s’en aller, non sans qu’il ne fasse de victimes après sa défection.
 
En outre, j’ai été à la fois déçue et impressionnée par cette histoire qui a laissé inconsciemment une trace dans mon esprit. L’écriture aérienne de l’auteure a su plonger admirablement bien dans la personnalité des personnages, même si je regrette de ne pas avoir été autant touchée et bousculée que les autres lecteurs. Saisissant, unique en son genre, ce livre ne vous laissera pas de marbre et nonobstant les aspects négatifs que j’ai énuméré ci-haut, dont certaines longueurs, je vous invite à découvrir ce bouquin qui vous plongera dans un drame qui n’est pas étranger à notre réalité et qui, malheureusement, est le lot quotidien de nombreux enfants et femmes, lesquels doivent affronter la bête prédatrice qui sommeille à l’intérieur de plusieurs hommes. Il me tarde de voir le film car je pense qu’il sera meilleur que le roman, à voir les effets spéciaux plus mystiques et spirituels que le récit original lors de la bande-annonce, même si je m’attends à ce qu’il nous offre les moments sombres de l’histoire avec autant d’intensité que celle du livre. 


Critiques d'ailleurs : Argantel , Yspaddaden , Malorie , Allie

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