Chroniques d'une amoureuse
littéraire
À la suite de mon article sur la dégradation de la langue française, j'ai dû faire dans la semaine qui suivit un exposé oral argumentatif ( lettre d'opinion ) pour mon dernier examen de français. Puisque le choix du sujet était subjectif, je pouvais alors prendre n'importe quel thème. Étant encore dans mon état fébrile sur l'utilisation déplorable du français, j'ai pris la décision d'écrire mon exposé sur ce sujet dans lequel j'ai travaillé avec beaucoup d'application afin qu'il soit parfait à mes yeux ( perfectionniste que je suis ! ). Examen passé ( pour ceux que cela intéresse, cela s'est déroulé à merveille, nonobstant quelques élans de nervosité, et j'ai obtenu une note de 100% ), j'avais envie aujourd'hui de vous présenter le final de cet exposé, car c'est un texte dont je suis très fière et que j'aimerais partager avec vous. Par ailleurs, je suis curieuse de connaître vos opinions sur le sujet et si le coeur vous en dis, n'hésitez pas à déclarer votre point de vue par la voie des commentaires.
La détérioration de la langue française
Dans la vie de tous les jours, dans les écoles, sur « internet », entre amis… La détérioration du français prend une expansion démesurée, voire alarmante au sein de notre quotidien. Être spectatrice de ces ravages est égal à une gifle en plein visage. Que sont devenues les phrases bellissimes, les vocabulaires soignés, les prononciations aux allures poétiques et tout ce que le français avait de mélioratif dans le passé ? Aujourd’hui, cette langue, cadeau inestimable de nos ancêtres, s’est déguisée en un langage bassinant et abject, notamment à cause de la nouvelle génération qui se veut une proie facile devant les élans négatifs de la modernité. Ce constat m’accable particulièrement, car cette dégradation ne peut qu’affecter ce que nous sommes, notre patrimoine culturel et notre fierté québécoise et française. Pour l’instant, ces deux langues divergentes se mêlent pour donner un ensemble incongru de phrases et de mots dont les conséquences ne sont que partielles. Pour l’instant. Mais qu’adviendra-t-il plus tard lorsque nous aurons oublié les scintillements de la langue ancestrale ?
Primo, nous devons la cause de cette détérioration aux adolescents modernes qui sont nés sous le signe de la simplicité et de l’indifférence. Ils sont les inventeurs d’un langage qui prend l’allure d’une nouvelle mode, peut-être déjà existante à l’époque, mais qui n’avait pas de proportions préoccupantes auparavant. Ainsi, ils ont modifié inconsciemment le français, suivant une recette bien établie : une tasse d’anglicismes, une pincée de jurons odieux, une assiette de mots hachés pour la simplicité, quelques gouttes d’une prononciation à peine soufflée ainsi qu’une cuillerée d’onomatopées pour remplacer la beauté du vocabulaire. Et sans oublier également les erreurs orthographiques en prolifération et le langage SMS ( Short Message Service ) pour l’écriture ! N’est-ce pas là une recette aberrante que nous devrions craindre, notamment pour le futur ? Car, malheureusement, elle fait désormais partie intégrante de nos vies et si nous laissons cette mode prendre une envolée plus vaste, nous pourrons dire adieu à l’ancien français. Je m’en rends particulièrement compte depuis quelques mois et c’est en pensant à la fierté de notre langue française que j’essaie finement d’utiliser un français impeccable. Puisque oui, je ne peux nier que j’use à l’accoutumée cette langue, peut-être pas autant que les jeunes de mon âge, mais assez à mon goût pour la trouver odieuse. Regrettablement, les personnes sont rares à porter attention à ce qu’ils disent, ce qui dénote une inexistence de leur part au sein du présent, ceux-ci préférant s’agglutiner dans le passé ou dans le futur.
Secundo, ne devrions-nous pas être fiers de notre langue ? Cette détérioration ne montre en aucun cas un sentiment de fierté envers notre nation québécoise et nos origines françaises. Nous avons l’honneur de posséder l’une des plus belles langues mondiales, entre autres à cause de ses intonations poétiques et son vocabulaire des plus diversifiés, mais nous lui rendons peu grâce, faisant fi de notre héritage dont nous faisons tant d’éloges à travers le monde. Une situation que nous devrions corriger, non seulement pour entendre des discussions basées sur un bon français, mais également pour étaler notre fierté aux autres peuples, leur montrer que nous aimons véritablement notre langue dans toutes ces facettes. Malheureusement, au lieu de s’attaquer à la vraie source du problème, le gouvernement avait entrepris, en 2004, le projet d’une réforme du français en simplifiant les mots, en déformant l’œuvre de nos ancêtres. Une solution qui sert plutôt à accommoder les adolescents qui se meuvent dans une paresse sempiternelle ! Même si nous n’entendons plus les échos de cette réforme, le seul fait que le gouvernement ait eu une solution semblable montre qu’il ne veut pas régler le problème, mais plutôt faire preuve d’accommodements raisonnables envers ceux qui s’indiffèrent d’un héritage bellissime. Oui, j’en conviens, le français est une langue difficile et la grammaire aurait pu être moins complexe. Cependant, elle apporte une liberté d’expression incomparable et les résultats, après un bon apprentissage, en valent le coup !
Tertio, nous ne voyons pas juste sa détérioration dans la langue elle-même, mais également dans le monde. Le français, nonobstant ses attraits mirifiques, ne fait guère le poids à côté de l’anglais. À vrai dire, au sein même du Québec, les statistiques démontrent que le français est en baisse et que le nombre de ses fidèles diminuent à chaque année. Il va sans dire que notre langue française se fait désormais étiolée tant par l’extérieur que l’intérieur. Nous lui devons du respect et c’est en commençant par nos propres paroles que nous réussirons à la garder en vie. À quoi bon exclamer notre indignation à l’égard de son déclin par des manifestations, alors que nous l’utilisons avec indolence ? Cela m’amène à citer l’extrait de Rémy de Gourmont, tiré de son livre Esthétique de la langue française, qui décrit avec exactitude notre situation : « Autant dire que nous ne savons plus notre langue et qu’à force d’apprendre celle des autres peuples, nous avons laissé la nôtre vieillir et se dessécher. » N’est-ce pas là une image de notre réalité actuelle ?
Ergo, je pense nous ne devons pas mettre ce problème réel de côté, car il est possible qu’il affecte grandement notre futur, surtout si la génération actuelle n’en a que faire du français. Nous devons nous focaliser sur la source du problème puisque ce n’est pas en mettant un pansement sur le déclin du français que nous arrêterons sa détérioration. Étant une passionnée indéfectible du français, je ne peux qu’être contre une réforme qui, si elle serait véritablement mise en place, ne finirait plus. Il existe des solutions plus prospères que celle-ci : des projets enrichissant dans le but d’apprendre le français sur une note plus joyeuse, moins lourde ; l’intégration des jeunes auprès des livres et au sein des bibliothèques, etc. Un travail qui devrait être mis en application dès leur plus jeune âge tant par les professeurs que par les parents eux-mêmes. Finalement, je n’ai qu’une chose à dire : revenons au source du vrai français et exclamons notre fierté dans toute sa véracité !
Écris par Fanny Mathieu ( 2010 )
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