Antigone
Éditions : Librio
Traduction : J. Bousquet et M. Vacquelin
Année : 2005
Pages : 87
Catégorie : Pièces de théâtre
Âge : Dès 13 ans
Résumé
"Ô malheureuse enfant d'un père malheureux ! Le front tranquille et fier, quoique ton cœur frissonne, Serais-tu sous le coup de l'édit rigoureux ? As-tu bravé celui qui jamais ne pardonne ?" Antigone doit mourir. Elle le savait. En choisissant d'offrir une sépulture à son frère, c'est une corde qu'elle glissait autour de son cou. Mais la fille d'Œdipe a décidé d'obéir à la loi des dieux, non à celle des hommes. Pas même Hémon, son amant, ne pourra la détourner de son funeste destin. Professeur de lettres à l'université, Elsa Marpeau présente ici, selon l'expression d'Hegel, "la plus noble figure qui soit apparue sur terre". Personnage mythique qui a inspiré nombre d'auteurs, d'Anouilh à Brecht, en passant par Cocteau.
Source : livre.fnac.com
Mon avis ( septembre 2010 )
C’est ma première pièce de théâtre en tant que lectrice et je considère cela comme une étrange nouveauté. La structure est ma foi très différente d’un récit narratif et je ne crois pas qu’il s’inclut dans mes genres fétiches. Cependant, c’est une découverte inégalée, car c’est l’une des pièces primaires des racines littéraires, une tragédie grecque qui nous délivre tout le talent de ce peuple avancé. Or, j’ai encore de la difficulté à croire que cette pièce fut écrite en 441 avant Jésus Christ ! Lu dans le cadre de mon cours Courants littéraires, je ne peux que remercier mon professeur pour cette plongée dans un nouveau recoin de la littérature, naguère si sombre.
L’histoire
Cette tragédie se déroule à Thèbes et relate le conflit entre Antigone et Créon, deux personnages diamétralement opposés. En quelques mots, le roi de Thèbes refuse à Antigone l’enterrement de son frère indigne, un élément déclencheur qui entraîne celle-ci à désobéir à ses lois pour respecter les ordres non écrits des dieux. Cette pièce devient alors une tragédie engendrant des conflits familiaux, politiques et religieux dans lesquels les notions s’affrontent. D’une part, il y a Créon, représentant des humains et de l’autorité, et Antigone, femme hardiesse qui confronte un être craint par le peuple pour la réalisation des vœux de leurs dieux. Tout au long du récit et pour donner véracité au conflit, les nombreux thèmes se séparent et s’opposent : dieux/hommes, religion/politique, lois non écrites/écrites, ciel/terre, pureté/impureté, individu/collectif. Un effet assez intéressant, car on est captivé par cette bataille universelle, entre des camps dissemblables et cette fatalité qui pèse sur les personnages. Toutefois, j’ai dû m’habituer au chœur et au coryphée, lesquels font partie de l’ancienne structure théâtrale dont les paroles se délivrent en prose. Bien qu’une tragédie ancienne ne vienne pas sans eux, je n’ai pas trouvé d’intérêts dans leur présence. Un point positif : l’essence du contexte athénien qui s’écoule de la pièce nous fait reculer au sein du passé et je me suis prise à m’imaginer pendant les Grandes Dionysies à Athènes, tandis que la pièce qui m’est contée se joue devant mes yeux.
Personnages
Vous vous en doutez, je marchais au côté d’Antigone, pour qui j’admire son caractère audacieux derrière sa façade de douceur. J’étais en communion avec ses idéaux, nonobstant quelques-uns à cause de leur contexte religieux, qui priment la liberté et le respect envers les morts. Bien qu’elle se meuve dans la solitude, car elle ose confronter le maître des lieux sous l’indignation du peuple, elle garde sa fierté sans écouter les sombres peurs humaines. C’est une idéaliste à laquelle je voue tout mon hommage ! Ce personnage tragique et victime de ses choix réussit le but primaire des auteurs de pièce de théâtre : l’identification ( à cette époque, dans une forme plus élaborée, elle s’appelait la catharsis ). À son opposé, Créon a un caractère semblable et je pense que cette similarité est l’un des géniteurs de cette confrontation. Cependant, il ne la contient pas, il l’évacue et se montre féroce dans ses idées d’autorité, c’est pourquoi il refuse la sépulture de Polynice, défiant ainsi les lois invisibles des dieux. Son ego est supérieur, notamment à cause du pouvoir qu’on lui accorde et cela le nuit puisqu’il devient lui aussi victime de ses choix. Autour d’eux, se meuvent d’autres personnages dont les retombés du conflit les touchent tout autant : Hémon, fils de Créon ; Ismène, sœur naïve d’Antigone ; et Eurydice, épouse de Cléon. Une famille que l’on peut considérer maudite par les erreurs de leur père, Œdipe.
Écriture
Le talent de l’écriture parsème les pages et je suis toujours ébahie par la beauté d’une aussi belle plume alors que ce peuple n’est qu’à ses débuts dans la grande évolution. Que ce soit pour les paragraphes narratifs dans lesquels plusieurs stichomythies soulignent l’aspect conflictuel entre les héros tragiques ou pour les chants du chœur écris en prose, l’écriture soutenue n’a d’égal que la richesse de cette pièce antique.
Conclusion
En somme, cette pièce écrite par Sophocle fait ovation à la tragédie ancienne qui repose sur les sentiments tragiques et les conflits entre protagonistes. On y découvre des thèmes profonds, les racines d’une société mythique et l’origine d’un si vaste univers littéraire. Néanmoins, malgré le panache de cette pièce de théâtre archaïque, ce ne fut pas un coup de cœur pour moi, car la structure, en plus de la présence des chœurs et du coryphée, fut une étrange adaptation et coupé court à mon plaisir. Mais comment pourrais-je oublier cette histoire, la première d’une lignée d’un genre qui s’entrouvre doucement à moi ? La Grèce antique a tant à nous apprendre !
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